TRAX MAGAZINE | Jul 26,2018 | FR
Il n’y a pas qu’en Espagne que les châteaux attirent. La preuve, cet été, avec le Forte Festival. D’Helena Hauff à Extrawelt, la fine fleur de la techno et de l’électro du nord de l’Europe viendra tenir le siège dans la citadelle de Montemor-O-Velho du 30 août au 2 septembre.
Plusieurs milliers de festivaliers sont attendus dans la région centrale du Portugal pour quatre jours d’une vie de château électrique. Le Forte Festival revient pour une cinquième édition, dont les premiers noms de la programmation viennent tout juste d’être annoncés. La sombre et fantasque Helena Hauff fera une apparition plus que remarquée, quelques semaines après la sortie de son second long format Qualm (Ninja Tunes). Avec ses DJ sets qui oscillent entre hardcore de Hollande et sonorités anarchiques d’Allemagne de l’Est, la Hambourgeoise est sûre de faire vibrer les meurtrières du château. Son ami et comparse, le Lyonnais Umwelt est également annoncé dans la programmation. Elle avait réussi à lui faire sortir un EP (Destruction Libératrice, 2016) sur son label Return To Disorder.
Aussi mystérieux, avec son bandana sur le visage : le DJ et producteur français I Hate Models livrera une techno ultra-rapide qui a déjà régalé les plus grandes warehouses d’Europe. Antigone et François X, les deux jeunes producteurs techno qui ont grandis entre les murs de Concrete, joueront ensemble entre les murailles du Montemor-O-Velho.
Le prolifique DJ Oscar Mulero fera également le déplacement. Avec près d’une centaine de sorties à son actif, l’Espagnol qui a commencé sa carrière dans les années 80 a peut-être travaillé avec plus de la moitié du line-up du festival… Il est également à la tête de Pole Group, un label qualitatif qui a fait émerger quelques figures comme Lewis Fautzi. Dans la même veine, il y aura Svreca. Autre pilier de la scène techno, mais lui dans un style beaucoup moins millimétré et plus chargé : le très brut The Hacker. L’écurie du Berghain qui a donné le ton à tout un pan de la musique électronique ces dernières années, Ostgut Ton, sera représentée par l’une de ses artistes qui innove le plus : Electric Indigo, venue d’Autriche et récompensée pour ses trente ans de services par le ministère de la culture local. Anastasia Kristensen ose, elle aussi, casser les codes. La jeune DJ de Copenhague fait figure d’OVNI tant sa musique, rythmée, emprunte des sonorités à tous les styles européens ascendants de la techno, mais d’une manière déstructurée, assez inédite. Encore plus anarchique, le Berlinois Blush Response. Minimaliste est le voyage que proposent les deux têtes d’Extrawelt, à l’instar du tube « Dark Side of my Room » sorti sur leur premier album en 2008. Puisque chacune de leur apparition est un petit événement, leur set pour le Forte Festival sera l’un des plus attendus. Comme si cela ne suffisait pas, il y aura dans l’enceinte du fort une perle rare estampillée Dekmantel. L’Allemande Lena Willikens est peut-être le phénomène de l’année 2018 pour les amateurs de techno (Trax en parlait dans un précédant article).
Sous ses airs de machine bien huilée, le festival demeure proche de son public — en allant chercher près de 25 000 euros dans un crowdfunding en ligne cette année — et surtout attaché à sa préoccupation écologique. Des toilettes compostables aux verres recyclables. Il se vante d’être entièrement digital, des paiements sur place (avec le système cashless) jusqu’à la communication (et sans papier). Pour toutes ces raisons, Forte a été auréolé d’un prix du ministère de l’Environnement local. Une raison de plus de filer au Portugal fin août.